On le savait déjà mais les conclusions résultant d’une étude scientifique réalisée récemment par une équipe de chercheurs australiens, sur un groupe de 50 personnes mises au régime hypocalorique durant dix semaines avec réalimentation progressive par la suite, viennent confirmer les mécanismes associés à l’effet yoyo après la perte de poids provoquée par l’alimentation.
Des mécanismes compensateurs
Des mécanismes compensateurs d’ordre physiopathologique apparaissent avec la pratique d’un régime amaigrissant.
La restriction calorique perturbe en effet les hormones de l’appétit (ghréline, polypeptide inhibiteur gastrique (GIP), Polypeptide Pancréatique (PP)) augmentant ces dernières tandis que les hormones de satiété (peptide YY, cholécystokinine, insuline, amyline) se trouvent en contrepartie diminuées.
Un phénomène qui dure au moins un an et plus après l’arrêt du régime, expliquant la reprise de poids inéluctable et donc l’envolée des kilos sur une période parfois très courte.
Dérégulation du métabolisme de base et de l’appétit
L’organisme adopte un plan de secours, un plan anti régime, contre ce qu’il considère comme une situation d’agression, une période de disette qui s’installe avec la restriction calorique.
Concrètement, la lutte contre la perte de poids se manifeste alors par un abaissement du métabolisme de base (chute de la dépense énergétique de repos sur 24 heures). Un fonctionnement général au ralenti qui s’accompagne d’une forte stimulation des hormones de l’appétit (appétit subjectif ≠ de la sensation de faim).
Ce qui se passe et c’est ce que j’explique aux personnes venant en consultation ayant vécu l’effet yoyo après x régimes, c’est que l’appétit augmente, et cumulé à la faim, il décuple la prise alimentaire. Au final, l’apport calorique et donc la reprise des kilos explosent puisque la personne mange davantage que ses besoins réels avec en parallèle, une dépense énergétique réduite a minima. Et sans pour autant que cela soit de sa faute puisqu’il s’agit là d’un mécanisme de self-défense adopté par le corps contre le régime amaigrissant.
Un piège inévitable
Piégée, la personne en adoptant des pratiques amaigrissantes, se retrouve engluée dans un phénomène de dérèglement hormonal qui ne disparaît pas avec l’arrêt du régime. La rechute et donc l’effet yoyo, dans un environnement riche en ressources alimentaires qui se prête de surcroît à la reprise pondérale, devient dès lors inéluctable.
L’accompagnement, essentiel
Devant ces mécanismes de protection mis en place par l’organisme, l’accompagnement par un spécialiste de la nutrition apparaît comme essentiel.
La personne en surpoids ou en obésité doit être prise en charge dans un programme de traitements sûrs et efficaces, par une équipe le plus souvent multidisciplinaire englobant le médecin traitant, un diététicien nutritionniste, un psychologue ou un psychiatre et un spécialiste de l’activité physique.
Le suivi prolongé incluant des stratégies de perte de poids à long terme devient également impératif pour aller au-delà des dérèglements hormonaux et lutter contre l’augmentation de l’appétit ainsi que la chute du métabolisme de base, pour combattre au final l’effet yoyo.
Sources
Long Term Persistence of Hormonal Adaptations to Weight Loss, P. Sumithran and all. New England Journal of Medicine vol. 365, n°17, pp 1597-1604.
Quotidien du médecin n° 9033 daté du 27/10/2011